Éric Delzant

 

 

Mardi 15 mars 2011, La Rotonde. Éric Delzant, 54 ans, arrive à l’heure, décontracté. Il est attendu par des amis en fin de journée, il doit plancher pour une fondation proche du PS. Il est venu en train, de Bordeaux. Sa vie a pris un tour différent depuis qu’il a quitté la haute administration. Un départ un peu forcé, quand même. Drôle de destin, pour un ancien préfet hors norme…

 

Il parle de sa mise à l’écart avec une relative décontraction, affichant une bonhomie presque surprenante. Il sourit, même, aimable. On devine sa sensibilité. Huit ans, déjà, que le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy l’a démis de ses fonctions de préfet de la Haute-Corse, pour cause de meeting mal organisé, un samedi du mois de juin 2003. Éric Delzant demeure l’un des rares préfets à ne pas avoir été décoré de la Légion d’honneur. C’est aussi une forme de reconnaissance, après tout. Par l’absurde. De toute façon, il a traversé trop d’épreuves pour s’en offusquer. Recasé dans le privé, en tant que directeur général de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), Éric Delzant a longtemps eu du mal à trouver les mots pour raconter son histoire. La solitude, l’avilissement, tant de sentiments mêlés…

Il a maintenant la bonne distance. Et les phrases s’enchaînent, sans concession : « J’ai mis très longtemps à pouvoir parler de tout ça, j’ai vécu des épreuves autrement douloureuses, comme la perte d’un enfant, cela m’a permis de relativiser. J’ai appris sur le genre humain, ces journalistes qui s’empiffraient aux buffets que je leur avais préparés, et qui se sont empressés ensuite de me descendre quand on leur a fourni un argumentaire détaillé. Tout cela à cause de mauvaises décisions prises par Sarkozy. Mais je n’appartenais pas à son cercle de confiance, les Claude Guéant, Bernard Squarcini, Christian Lambert… J’étais en sursis dès le début, ils ont mis trois mois à me titulariser, alors que la mission d’inspection avait été très élogieuse à mon égard. Je ne regrette rien, j’ai appris à mettre de la distance. J’ai vécu sept jours sur sept pour mon métier, et d’un coup, le grand vide, on n’est pas préparé à ça. J’appelle cela de la violence morale en bande organisée. Ce n’est pas une histoire politique, juste une affaire de respect humain… »

Éric Delzant, en 2001, est un jeune haut fonctionnaire. De gauche. Il est membre du cabinet de Daniel Vaillant, ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, lorsqu’on lui propose le poste de préfet de la Haute-Corse. Il ne connaît rien à la Corse ? Qu’à cela ne tienne, il va utiliser ses armes : le calme, la disponibilité, l’esprit de synthèse. Peut-être une certaine forme de naïveté, aussi. Et, de fait, il est très vite apprécié sur l’île. Il reçoit les journalistes, leur tient un discours qui passe bien, dès son installation : « Ma volonté est donc d’agir sur le réel, en prenant en compte l’avis des uns et des autres avant de décider quoi que ce soit », déclare-t-il d’emblée, comme le rapporte le quotidien Corse-Matin. On est loin des propos belliqueux d’un Bernard Bonnet, qui, quelques années auparavant, avait mis le feu à l’île, au sens propre comme au sens figuré.

En mai 2002, après la défaite de la gauche à la présidentielle, Nicolas Sarkozy est nommé place Beauvau. La Corse, c’est son territoire. Vingt ans plus tôt, le 23 septembre 1982, il a épousé la fille d’un pharmacien de Vico, Marie-Dominique Culioli, avec qui il aura deux enfants, Pierre et Jean. Charles Pasqua était l’un des témoins de son mariage. Il connaît bien l’île, et se targue de résoudre ses problèmes. « Je me demande bien ce qui va se passer, me concernant, se rappelle Éric Delzant. J’étais quand même étiqueté de gauche, socialiste. On me dit : “Ne t’inquiète pas, Sarko fait avec les gens, tels qu’ils sont.” Et puis, il y avait en Corse Ange Mancini, préfet délégué à la sécurité, un type bien, un bon professionnel, et proche de Sarkozy. Arrive la première visite de Sarko, en juillet 2002. Cela se passe plutôt bien. Je note deux choses : l’absence totale de cordialité de Sarko, et puis il passe son temps à téléphoner à Cécilia. Quand il ne la joint pas, il entre dans des crises de rage folles, ordonne à ses gardes du corps de la trouver… »

Rien ne se passe, sur l’île, sans que Nicolas Sarkozy ou son cabinet aient été consultés. Les nationalistes sont traités directement par la place Beauvau. Éric Delzant se souvient ainsi d’avoir accompagné plusieurs élus nationalistes, montés à Paris, jusqu’à Bruxelles, pour des histoires de subventions européennes. « On avait eu droit aux motards de la police nationale pour nous escorter sur l’autoroute, les nationalistes étaient morts de rire… On s’est très vite rendu compte que Sarkozy était le ministre de la Corse. » Le préfet Delzant est quand même maintenu à son poste. Il n’a pas démérité. Pas encore. Les visites de Nicolas Sarkozy se succèdent sur l’île. C’est qu’il a un grand projet à vendre à la Corse : un nouveau statut, censé solutionner ses difficultés économiques. Encore faut-il pour cela que les électeurs insulaires se prononcent sur le sujet : un référendum, prévu le 6 juillet 2003, est organisé. Éric Delzant est chargé de promouvoir le nouveau statut qui consiste, en particulier, à créer une collectivité territoriale unique en fusionnant les deux conseils généraux de la Haute-Corse et de la Corse-du-Sud. Il fait le tour de son département, multiplie les visites aux maires, aux décideurs locaux. Il est seul, sa famille est restée sur le continent. Le préfet se souvient d’un énième déplacement ministériel, en 2003. Il s’était cassé le poignet à vélo, souffrait le martyre, son médecin voulait lui donner quinze jours d’arrêt. Impossible, avec la visite de Sarkozy. Il accueille le ministre, avec un énorme bandage, blanc comme un linge tant la douleur est vive. « Il n’a pas eu un mot pour moi, pour me demander comme j’allais, se plaint-il. Je n’étais qu’un simple rouage. »

Outre le référendum, Nicolas Sarkozy est obsédé par deux autres sujets : purger l’île du cocktail banditisme-nationalisme qui la mine, et arrêter Yvan Colonna, recherché pour l’assassinat du préfet Claude Érignac, en 1998. Il met tout en œuvre pour cela, débloque tous les moyens. Pour ce qui est du banditisme, il décide de frapper un grand coup, en mettant sous les verrous Charles Pieri, une figure du nationalisme, impliqué dans diverses malversations. Il sait pouvoir compter sur le soutien de deux magistrats qui lui sont proches : le procureur de Paris, Yves Bot, et surtout le juge d’instruction Philippe Courroye. Des surveillances sont mises en place sur l’île.

Éric Delzant est tenu éloigné de tout le processus. « J’étais à l’écart. Prenez l’affaire Pieri, ils voulaient absolument le coincer. Guéant a fait venir une brigade anti-criminalité parisienne en Corse. Ils ont arrêté Pieri pour un simple excès de vitesse, sans même le reconnaître. Il a refusé de leur montrer ses papiers. “Ne m’emmerdez pas, leur a-t-il dit, ou j’appelle Sarko !” C’était symptomatique du mode de fonctionnement. Tout était piloté par Paris, je n’avais pas mon mot à dire. Je me suis impliqué dans le projet de réforme institutionnelle, j’ai fait le tour des maires. Dès qu’il y avait un arbitrage, on passait par le cabinet, c’était confortable, d’un point de vue administratif. » Charles Pieri finira par être coincé. Emprisonné, il sera condamné en 2005 en appel à huit ans de prison pour diverses infractions financières. Colonna, à son tour, est arrêté, en juillet 2003, au terme de quatre années de cavale. Sa traque a été supervisée par le numéro deux des Renseignements généraux, Bernard Squarcini.

Mais, en cet été 2003, la grande affaire de Sarkozy, c’est donc le référendum. Il veut l’obtenir, ce vote, c’est essentiel pour son image. Et utile aussi, il en est convaincu, pour cette île qu’il adore. Il revient donc régulièrement. Comme lors de cette nouvelle visite, où il tient à prononcer un discours en plein fief « natio ». Les premiers désaccords entre Éric Delzant et l’entourage du ministre naissent là. « L’engrenage fatal se met en place en 2003, avec la réforme institutionnelle conjuguée à la réforme des retraites voulue par Raffarin, explique Éric Delzant. Cela prend une ampleur considérable. Avec des manifs importantes. La première visite dans ce contexte est difficile. Sarko voulait absolument tenir un discours à l’université de Corte, bastion nationaliste. J’avais tout préparé avec le président de l’université. Son directeur de cabinet Claude Guéant et Christian Lambert, le patron du RAID, ont souhaité gérer différemment le maintien de l’ordre, ils l’ont placé dans une situation compliquée. Mais nous étions des locaux, notre avis ne comptait pas. Eux vivaient en plus dans la quête de l’arrestation de Colonna, nous n’étions que des exécutants, plutôt zélés. Et je vivais dans une grande solitude. »

Le ministre de l’Intérieur veut placer ses hommes un peu partout, et ne tolère pas les à-peu-près. Ainsi, Le Monde rapporte que, en février 2003, « Claude Destampes a déjà remplacé Francis Choukroun au poste stratégique de patron du SRPJ d’Ajaccio : M. Sarkozy reprochait notamment au patron de la police judiciaire d’Ajaccio d’avoir laissé “filer” en juillet » un suspect.

L’ex-directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Jean-Pierre Larue, a lui aussi été discrètement remercié, le 28 février, et remplacé par Patrick Aujogue. Le quotidien rapporte que « M. Sarkozy lui avait passé un “savon” mémorable, le 25 octobre, quand, après un attentat à côté de la préfecture d’Ajaccio où dormait le ministre, M. Larue lui avait suggéré d’aller rencontrer les femmes de prisonniers du comité anti-répression (CAR). Une proposition “politiquement stupide”, l’avait mouché le ministre ».

Le 21 juin 2003 s’annonce comme une date essentielle dans le processus. Un déplacement officiel à très haut risque est mis sur pied. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, accompagne son ministre de l’Intérieur. Il vient parler de sa réforme des retraites, tandis que Nicolas Sarkozy se charge du statut institutionnel proposé à la Corse. Un double déplacement aussi délicat que complexe à gérer, du point de vue du maintien de l’ordre. Un meeting est prévu, près de l’aéroport de Bastia. Comment l’organiser ? Faut-il s’assurer que les participants seront triés sur le volet, puisés parmi les membres de l’UMP, sympathisants calmes et enthousiastes ? C’est l’option privilégiée par le préfet Delzant. Mais la mise en place de la réunion a été confiée à un élu de l’UMP. Qui refuse ce type de meeting « sur invitation ». Les opposants pourront donc manifester librement. Et l’on sait à quel point cela peut dégénérer très rapidement sur l’île. Éric Delzant en est conscient. Un chapiteau a été monté, non loin de l’aéroport de Bastia. Il n’est que très peu rempli, essentiellement par des opposants à la réforme des retraites. Impossible de faire le tri aux barrières dressées en amont. Sous les bâches, il règne une chaleur intenable. De quoi chauffer un peu plus les esprits. « Quand j’apprends que la salle est à moitié vide, et composée de gens hostiles au gouvernement, je suis sûr que la réunion ne doit pas se tenir. Il y avait des opposants de toute sorte, aux retraites et à la réforme corse. Je dis à Sarkozy : “Monsieur le ministre, il faut annuler ce meeting ! – Il n’en est pas question, vous n’avez qu’à l’organiser à l’aéroport”, me répond-il. »

Le préfet s’exécute. Le rassemblement est déplacé dans l’urgence à l’intérieur même de l’aéroport de Poretta. Ce qui ne change pas grand-chose. Des échauffourées éclatent. Les forces de l’ordre sont dépassées. Ça tabasse, ça casse à tout va. Deux blessés parmi les manifestants, un autre parmi les CRS. Les gaz lacrymogènes rendent l’atmosphère apocalyptique. On aperçoit, dans un halo de fumigènes, Éric Delzant, debout, sur le tapis roulant destiné aux bagages, tenter de ramener un semblant d’ordre. Réfugiés dans le bureau du directeur de l’aéroport, Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Raffarin décident de prendre malgré tout la parole. On se souvient de ces images, où l’on voit le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre, quasi aphones, vanter leurs réformes, juchés sur de simples chaises en plastique. Courageux et ridicules tout à la fois. Raffarin ne s’éternise pas et décide de décoller, direction Paris, avec son avion officiel. « Je dis alors à Sarkozy : “Bien entendu, vous rentrez avec le Premier ministre ?” Eh bien non, il veut monter dans l’avion réservé à la presse, qui ne faisait pas l’objet de mesures de sécurité. Du coup, des employés de l’aéroport en avaient profité pour bloquer l’appareil, en mettant des chariots élévateurs sous les roues. Dans la carlingue, devant les journalistes, il hurle : “Faites dégager ces chariots !” Hors de lui, il voulait montrer son autorité face à la presse. Lambert et le RAID ont fini par faire libérer la piste. J’avais franchement l’impression d’avoir raté ma journée, même si, factuellement, rien n’était ma faute, sans compter que les forces de l’ordre étaient placées sous l’autorité du préfet adjoint à la sécurité… »

Une vague idée de démission effleure toutefois l’esprit du préfet Delzant. Il n’aura pas besoin de la formaliser. « Claude Guéant m’appelle le lundi matin : “Il va être mis fin à vos fonctions, le ministre veut vous voir”, me dit-il. Je croise Émile Zuccarelli, le maire PRG de Bastia, dans l’avion, il compatit. Lundi matin, ça a été un véritable buzz médiatique, organisé par le cabinet de Sarkozy. J’étais devenu “le préfet incompétent”. Ils avaient même récupéré une photo de moi où j’avais des lunettes teintées, à cause de mes problèmes oculaires, ils l’ont fait circuler, me comparant à un colonel de l’armée mexicaine, juste pour me ridiculiser. Cela m’a blessé, bien sûr. Je ne discutais pas ma démission, mais cette mise en scène destinée à m’enfoncer. J’ai d’ailleurs dit à son cabinet : “Vous me traînez dans la boue, à quoi ça sert, puisque je vais démissionner ?” Je lui en veux beaucoup pour ça, à Sarkozy. Cette humiliation… »

Le ministre de l’Intérieur reçoit donc le préfet de la Haute-Corse. Sans agressivité excessive. « Ses mots ont été : “Je ne vous en veux pas, mais il faut un responsable. Ce sera vous, mais je m’engage à vous retrouver un poste.” C’était presque le discours inverse de ce qui avait été servi à la presse. Je m’attendais à me faire exploser, cela n’a pas été le cas. C’est le coup, classique chez lui je crois, de la victime expiatoire. Il faut exécuter quelqu’un en place publique. C’est la méthode du pilori, il s’agit de laver un affront. C’est extrêmement dur à vivre. Moi, j’avais assumé la décision de démission, mais c’est la mise en scène qui a été le plus pénible. Mettre plus bas que terre quelqu’un pour montrer qu’on est fort, c’est une forme de lâcheté. Une violence particulière, en tout cas. Elle a bon dos la culture du résultat, c’est surtout la culture de la peur et de la terreur. »

En Corse, l’éviction du préfet, à peine connue, provoque des réactions étonnantes. Ainsi, les agents de la préfecture de Bastia publient un communiqué dans Corse-Matin, dans lequel ils se disent, s’agissant du limogeage du haut fonctionnaire, « stupéfaits à l’annonce de cette information », « s’insurgent contre une telle éventualité et assurent leur préfet de leur total soutien ». Émile Zuccarelli, député et maire de Bastia, figure de la gauche corse, proteste lui aussi : il juge « disproportionné » le remplacement du préfet Delzant. « Limoge-t-on un préfet de la République parce qu’un meeting organisé par un parti politique n’a pas eu le succès attendu ? » s’interroge-t-il, avant de rendre hommage au fonctionnaire évincé, dont il a pu « apprécier depuis dix-huit mois son sens de l’écoute et du dialogue, mais aussi son sérieux dans le suivi des dossiers locaux et départementaux, son sens de l’État ».

Un soutien quasi unanime qui n’émeut guère Nicolas Sarkozy. Quand le préfet Delzant repart en Corse, mardi 24 juin, c’est pour faire ses valises. Le Conseil des ministres du mercredi 25 juin consacre son départ. Il est placé hors cadre, et remplacé immédiatement par le sous-préfet de Saint-Nazaire, Jean-Luc Videlaine. Le cabinet de Sarkozy assure aux médias qu’il faut « restaurer l’autorité de l’État », mais aussi sanctionner « une certaine incompétence ». La décision de relever Éric Delzant de son poste « n’est en aucune façon un limogeage », ajoute, contre l’évidence, la place Beauvau, assurant que le préfet « recevra une nouvelle affectation dans deux ou trois mois ». Le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, ajoute qu’il « y a eu un problème de maintien de l’ordre et d’organisation du débat démocratique » et que « le gouvernement en a simplement tiré les conséquences ». Éric Delzant traverse alors de sales moments. L’impression, doublement douloureuse, d’avoir failli à sa tâche et, pire peut-être, d’être devenu la risée du corps préfectoral. À l’époque, Nicolas Sarkozy n’avait pas encore entamé la valse des hauts fonctionnaires jugés par lui incompétents. Jeudi 26 juin 2003, Éric Delzant quitte définitivement l’île. Il prend le bateau. Et recommande à son chauffeur, avant de partir, de voter pour le changement de statut de l’île.

Ensuite, en deux jours, tout bascule : Yvan Colonna est arrêté le 4 juillet. Nicolas Sarkozy s’empresse d’exhiber cette belle prise. Il a cette phrase, devant les caméras de télévision, qui fait peu de cas de la présomption d’innocence : « La police française vient d’arrêter Yvan Colonna, l’assassin du préfet Érignac. » Il ne cache pas sa joie. L’homme qui vivait dans le maquis depuis des années, défiant les forces de l’ordre, était enfin dans les geôles françaises. Et c’était grâce à lui, à sa méthode. Deux jours plus tard, il déchante : les électeurs corses disent « non » au référendum, avec une courte majorité de 50,98 % des voix. C’en est fini du nouveau statut de l’île. Déçu et vexé, Nicolas Sarkozy espacera ses visites.

Mais le ministre tient ses promesses. Éric Delzant est nommé à un nouveau poste de préfet, où il ne risque pas de faire des vagues. Le voilà en poste dans l’Ariège. Il a compris qu’il ne ferait pas carrière dans la préfectorale. Il trouve tout de même le temps de s’opposer publiquement à Nicolas Sarkozy, lors d’une réunion de préfets place Beauvau, où il prend la défense d’un collègue, à qui le ministre de l’Intérieur reproche ses mauvais chiffres en matière de sécurité publique. « Sarkozy m’a reconnu, dit Éric Delzant, je l’ai senti furieux. Je regrette cette cyclothymie chez lui. »

Il a gardé quelques contacts avec ses anciens collègues. Et constate, année après année, le désamour croissant d’un grand corps vis-à-vis de l’ancien ministre de l’Intérieur devenu président de la République. « Avec Sarkozy et la haute fonction publique, il y a eu le temps de la fascination, j’ai vu le corps préfectoral presque extatique devant lui. C’était la période du Sarko tout-puissant, les préfets avaient perdu toute lucidité. Après son élection, les choses ont changé. Maintenant, à part sa garde rapprochée, vous aurez du mal à trouver des gens qui en disent du bien. Préfet de département, c’est un métier sinistré. La haute fonction publique est en capilotade. Il n’aime pas les énarques, il veut les préfets à sa botte. Personnellement, j’ai eu du mal à m’en remettre. C’est dur, les gens ne vous appellent plus… La Corse, finalement, c’était l’incarnation de la méthode Sarkozy. »

Volontarisme, autoritarisme, enthousiasme, brutalité… Il y a eu un peu de tout cela dans la politique sarkozyste en Corse, improbable laboratoire. Et même de bonnes idées, un incontestable désir de faire bouger les lignes. Avant les erreurs, les excès en tout genre. Et le désenchantement final. La Corse, comme un avant-goût des années élyséennes…

Sarko M'a Tuer
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